Les statues de l’enfance dorment dans le bleu de l’après-ciel.
…
Les liens silencieux sont des vaisseaux qui coulent dans des souterrains du ciel.
…
Dans ce monde intermédiaire où ne filtrent que les souvenirs du présent,
J’attends.
J’attends que les nuages passent,
Que tous les soleils se retournent,
Qu’ils éclairent loin avant,
Qu’ils illuminent loin après.
UNE MARCHE EN HIVER
Je suis seul en février
Le ciel est bleu comme un diamant
Hier s’est effacé
Le monde est là.
Même si ces mes mots sont le tableau
Mes pas sont déjà là-bas.
DÉPART DE MADININA
Le rêve s’arrête là, dans la foule de l’aérogare où je plonge comme dans le plus grand des déserts. L’Île aux Fleurs en surimpression 3D s’y évanouie et ses couleurs se figent sur les écrans silencieux. Je quitte presque le sol car je marche sur un miroir et lorsque je lève la tête, la surface d’en bas haut vacille, à fleur d’eau.
D’après un SMS de Wilfried P.
LES ROLLING STONES, CHÂTILLON, JUIN 2014
La lumière sous les platanes sur la petite place de la Mairie inonde les pierres. L’eau coule à la fontaine. C’est l’été avant l’été. Je suis assis en terrasse*. J’ai sans doute commandé un café. Peut-être un repas. La radio est branchée sur une station qui passe de la musique des années soixante-soixante-dix et entre autres les Rolling Stones. Plusieurs morceaux d’un même album (que je ne connais pas). Ce dont je me souviens c’est de la musique qui s’est appropriée tout l’espace et sans doute plus. C’est comme si elle avait été composée juste pour cet instant et pas seulement pour me permettre de le reconvoquer et de le ramener jusqu’à moi au hasard de la mémoire. C’est un moment parfait d’éternité ou peut-être tout simplement la mélodie du présent.
* Terrasse du Café de la Mairie à Châtillon-en-Diois (Drôme)
UN SEUL SOLEIL
Au-dessus des montagnes de mon enfance le soleil est-il le même que celui du ciel d’ici ? Il se lève entre les Aiguilles de Chabrières et le Grand Morgon et se couche entre les collines du Fein et celles de Montgardin. Comment peut-on imaginer qu’il emprunte un autre chemin ?
LES COULEURS DE MADININA
Le jour, sur l’Île aux Fleurs, mon âme navigue sur des couleurs d’aquarelles qui émanent des roches volcaniques du Nord ou émergent des terres chaudes du sud au abord de la Montagne du Vauclin. Elles inondent la nature luxuriante et se diffusent dans mes pensées et lorsque la nuit tombe, la pluie s’abat sur la terre endormie. Chacune regagne alors son abri, une part de moi sans doute avec elles.
Texte rédigé en collaboration avec Wilfried P.
LE COMPTEUR DE JONQUILLES
La pluie se fera sans moi. L’automne enchantera les chanceux et le filet d’oxygène qui me retient à la ville comptera huit saisons de jonquilles. La neuvième sera la vingtième : à soixante deux ans j’aurai vingt ans.
LIBERTÉ
La liberté des vagues est emprisonnée entre la plage et l’horizon.